Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

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20 février 2019

Encore une fois passionnant ce roman de Didier Daeninckx, car, encore une fois, se basant sur une réalité historique un peu oubliée voire pas connue. J'avais eu connaissance du fait que les Français avaient envoyé, en application du Traité de Versailles, des régiments d'Africains dans certaines villes allemandes, comme une ultime provocation, parce qu'à l'époque, les noirs étaient à peine considérés comme des hommes. Ce que je ne savais pas et qu'explique formidablement le romancier, c'est que des enfants métis sont nés et que bien évidemment, après l'arrivée au pouvoir d'Hitler, ils vivaient difficilement leur double particularité : être de sang noir et de sang français.

Ulrich, dont le second prénom est Galadio, va vivre un destin incroyable : fuir sa ville, fréquenter le cinéma de propagande allemande, tenter de trouver sa véritable identité. Didier Daeninckx, en peu de pages, réussit à construire un personnage fort et marquant. Tout est dit. Rien n'est superflu. L'auteur va au plus court, le lecteur doit bien sûr faire le reste du travail, à savoir : connaître un peu les années trente en Europe pour savoir qu'il ne faisait pas bon y être noir et particulièrement dans l'Allemagne nazie.

C'est un formidable roman, et je vous conseille avant de l'ouvrir d'avoir un peu de temps devant vous car la première page débutée, vous ne pourrez pas faire autrement que de lire d'une traite les 140 suivantes.

roman

Fayard

23,00
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20 février 2019

Lire Jean-Bernard Pouy, c'est souvent entrer dans un monde où l'humour est présent, décalé, noir. Mais aussi rencontrer des personnages hors normes, des anti-héros aux multiples questionnements. Cette fois-ci, il met ses personnages à poil. Une bonne façon de tracer leurs portraits au plus près. Et à travers leurs querelles, leurs rapprochements, leurs questions sur le choix de société, chacun se dévoile assez intimement.

Puis, plus globalement, comme souvent chez l'auteur, c'est le contexte qui est le plus intéressant. Le groupe libertaire a décidé de s'occuper de la mort de Rosa, en partie parce qu'elle pourrait être la fille du célèbre Buenaventura Durutti, anarchiste espagnol. Et là, JB Pouy de nous instruire sur le mouvement anarchiste : je connaissais le groupe de musique The Durutti Column, mais j'avoue que je ne savais pas d'où il tenait son nom, inculture quand tu nous tiens. Puis, c'est dans les discussions, les choix, les réunions que l'on apprend la vie au sein d'un collectif libertaire. JB Pouy y met beaucoup de sympathie, se moque gentiment, mais on le sent proche de ces gens qu'il décrit. Je l'imagine aisément – pas forcément à oilpé –, au travers des lectures que j'ai pu faire de lui, flirter – ou plus – dans ce monde.

Voilà donc une lecture fort plaisante et instructive qui saura plaire à tous ceux qui se posent des questions sur la société actuelle et qui résonne étrangement plus de dix ans après sa publication, par les événements de la fin d'année et du début de la nouvelle : les gilets jaunes bien sûr, mais aussi et surtout – pour moi – les mouvements écologistes qui tentent d’alerter l'opinion et les décideurs de la nécessité absolue de changer le monde sous peine de le voir disparaître.

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20 février 2019

Pablo est un poussin qui veut profiter de chaque instant avant de sortir de son œuf. Aussi, perce-t-il un trou d'abord pour un œil, puis un deuxième pour l'autre œil. Et ainsi de suite jusqu'à la sortie finale.

C'est un très bel album, en noir et blanc, au dessin on ne peut plus simple, minimaliste, épuré. Le texte est à l'avenant, court et va au plus direct, sans pour autant oublier de parler de choses essentielles, comme profiter de chaque instant, d'être contemplatif, heureux d'être là sur terre. Tout cela est fort beau et positif, facile et idéal à raconter à des tout-petits.

Je ne suis pas spécialiste des livres pour enfants, mais il fait partie des plus beaux que j'aie tenus entre mes mains.

18,00
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20 février 2019

Une jeune femme ukrainienne, la docteure Irina Danko est retrouvée par des services russes qui l'interrogent sur sa disparition et sa réapparition en pleine Sibérie. Irina reste muette. Elle travaillait dans un centre ultra secret, ultra protégé avec des détenus particulièrement dangereux, au profit d'un groupe pharmaceutique.

Irina rêve aussi beaucoup, des rêves étranges dans lesquels elle remonte le temps. Un événement bientôt va bousculer sa vie de médecin, c'est ce qu'elle se rappelle mais qu'elle ne raconte pas aux Russes.

Dessin et couleurs : Julien Ribas, très bien, c'est que parfois il nous ferait peur ; il rend parfaitement les scènes angoissantes, par ses couleurs, ses planches de tailles différentes (notamment une double page en milieu de volume).

Scénario original : Walter Hill, adapté et traduit par Matz. Fou et implacable. La science fiction couplée à de la recherche scientifique, tout cela fonctionne et peut même poser pas mal de questions. Ça me fait penser à un film avec Lino Ventura qui m'avait profondément marqué (après quelques recherches, je pense qu'il s'agit de "La grande menace", de Jack Gold avec également Richard Burton). Ceux qui l'ont vu comprendront sûrement ma référence, quant aux autres, je conseille fortement et le visionnage du film et la lecture de cette bande dessinée. Les deux doubleront ce sentiment de malaise, mais c'est bon de se faire peur parfois...

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20 février 2019

Outremer 1311, comme le pigment bleu qui donnera le Bleu Klein. À partir de faits réels, de témoignages fictifs de personnages ayant existé dans l'entourage du peintre, Teodoro Gilabert raconte les années qui vont mener Klein à la reconnaissance nationale puis internationale.

D'Yves Klein, je connaissais le fameux Bleu Klein et les monochromes, pas grand-chose de plus, et surtout rien de sa vie pourtant assez romanesque. En convoquant les proches, amis, peintres, plasticiens, galeristes, les femmes – nombreuses – de la vie du peintre, les détracteurs, les admirateurs, des gens de diverses origines qui ont côtoyé Yves Klein, Teodoro Gilabert dresse un portrait à la fois fascinant et déroutant. L'homme a un immense talent, une ambition démesurée et un melon – comme on dirait de nos jours – à faire pâlir certains acteurs, chanteurs et/ou sportifs se croyant au-dessus du lot parce qu'ils ont vendu ou marqué.

C'est un petit livre passionnant qui va au-delà de Klein, qui parle de l'art en général, de la vision de ceux qui le changeront, des sacrifices à faire pour bâtir une œuvre, d'une certaine folie pour entreprendre et supporter toutes les conséquences. Extrêmement instructif et abordable, on y croise les grands noms de l'art abstrait de la seconde moitié du XX° siècle, ce qui, parfois, nécessite de feuilleter un dictionnaire ou Wikipédia pour se remettre en tête leurs œuvres, ou mieux encore, d'aller au musée, parfois l'on trouve une toile, une installation et l'on se dit, tiens, j'ai entendu parler de cet artiste-là.