Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

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10 octobre 2018

Joseph Darnand (1897-1945) s'engage très jeune dans la Première Guerre mondiale. Il y fera preuve de bravoure et sera décoré pour avoir notamment mené une opération difficile qui a permis de déjouer une attaque allemande de grande ampleur.

On le retrouve vingt ans plus tard, militant de l'action française groupe d'extrême-droite.

Dans ce tome 1 du triptyque consacré à Darnand, la première partie est consacrée à la guerre 14/18, puis vingt ans plus tard à une reprise d'activité au sein de l'Action Française en vue d'assainir aux yeux des militants la politique française corrompue par les juifs et francs-maçons.

Basée sur des faits et personnages réels auxquels quelques situations, faits ou personnages fictionnels sont ajoutés, cette bande dessinée est une réussite. Dans le dessin de Fabien Bedouel qui montre bien les horreurs des tranchées et des offensives, mais aussi les gueules des combattants, la violence. Un dessin classique, clair, très lisible. Le scénario de Patrice Perna est lui aussi limpide qui s'appuie donc sur une histoire réelle et montre parfaitement l'histoire de Darnand.

Pascal Louvrier

Tohu-Bohu

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28 septembre 2018

Très bonne surprise que ce roman noir s'il en est avec un héros revenu de tout, désabusé, blasé, alcoolique, aux accès de violence chroniques qui vit dans le souvenir de sa mère grande star d'Hollywood et dont il voudrait comprendre les raisons du suicide. A ses côtés, Eden, jeune et jolie fille un peu perdue, droguée, qui passe de l'amour à la haine en une fraction de seconde, du rire aux larmes, d'une déclaration enflammée à une colère terrible, violente.

Sur fond de cinéma étasunien des années 1950, Pascal Louvrier construit un roman noir, sec, dans lequel il ne s'embête pas avec des fioritures. L'écriture est directe, sèche elle aussi, va au plus rapide, sans passer par des circonvolutions peu intéressantes. Ses personnages sont bien sûr archétypaux, ce qui est dans les codes du genre noir. Il parvient habilement à nous les rendre sympathiques en allant au plus profond de leurs débordements, de leurs doutes et peurs, interrogations, et James en a des tonnes.

On est loin du rythme d'un thriller, James prend son temps, même s'il est pressé par Eden pour changer, pour sortir de cette adoration morbide pour sa mère et les raisons de son suicide. Rien de déplaisant pour le lecteur, bien au contraire, qui prend lui aussi le temps de vivre avec les protagonistes pour ensuite sentir monter l'intrigue et tenter de résoudre l'énigme. Icelle est fort bien menée qui tient jusqu'au bout, sans doute par l'atmosphère pesante, lourde et orageuse comme le climat du désert de l'Arizona.

Franchement, j'ai beaucoup aimé, je me suis régalé de bout en bout -malgré quelques paragraphes superflus. Pascal Louvrier a écrit pas mal de biographies (Michel Delpech, Françoise Sagan, George Bataille et Johnny Halliday) ; Moteur ! est son troisième roman, qui en plus me fait découvrir les éditions TohuBohu.

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28 septembre 2018

Léanne, bretonne d'origine, qui a passé une longue période à Nice, aux stups, prend la tête de la PJ finistérienne. Retour aux sources donc et retrouvailles avec ses deux amies d'enfance, Élodie médecin-légiste et Vanessa psychologue dans la police. D'où le nom de la série qui débute avec ce tome, "Les trois Brestoises".

À peine arrivée, une vieille dame est retrouvé à son domicile, assez sauvagement assassinée. Pas forcément appréciée de son voisinage, Corentine Ledantec n'était pourtant point menacée. Les trois amies se retrouvent à s'entraider sur cette affaire délicate.

Trio de filles donc, avec en plus des juges, des substitutes du procureure... plein de filles dans ce polar breton, je crois même que c'est la première fois que j'en vois autant... sous une plume masculine. Filles qui n'échapperont pas aux remarques et discours machistes et qui se feront respecter par leur travail et leurs compétences. En plus, tout cela se passe en pays bigouden, entre Brest, Quimper et un peu plus loin Rennes - Corentine Ledantec est tuée à Combrit -, donc le plaisir est doublé voire triplé. Parce qu'évidemment plaisir il y a. D'abord, j'aime beaucoup assister à la (quasi) naissance d'héroïnes récurrentes auxquelles l'auteur sait nous intéresser ; sur ce tome, la part belle est faite à Léanne, il serait alléchant qu'il en fasse de même avec Vanessa et Élodie lors des volumes suivants. Ensuite, on ne s'ennuie pas dans ce livre qui multiplie les intrigues et brouille les pistes et qui ne fait pas des filles des super héroïnes qui règlent tout en deux trois questions et quelques coups de feu. Non, c'est beaucoup plus réel et subtil. Puis, Pierre Pouchairet qui a déjà écrit des polars (le très bon La prophétie de Langley et l'excellent "Tuez-les tous... mais pas ici") sait ménager ses effets et maintenir le suspense. Langue simple, dialogues vifs et réparties parfois cinglantes, tout est là pour que les pages se tournent vite. Enfin, et je l'ai écrit plus haut, il y a la Bretagne, ses paysages, son climat et ses habitants. Très bon tout cela. Vivement la suite !

Le début : "Un demi-sourire aux lèvres, Léanne reposa son téléphone. Elle venait de décrocher son premier dossier en sol breton. En bruit de fond, elle entendait sas collègues qui se marraient. Ils en étaient au café et le major Kerantec devait encore faire le spectacle en racontant de nouvelles vannes." (p.9)

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28 septembre 2018

Fabienne et Roland arrivent à Palavas pour une semaine de vacances. Très organisé, Roland à tout préparé, dans les moindres détails, tout est planifié et payé d'avance. L'arrivée est très venteuse et l'accident bête, Fabienne se retrouve seule. Au lieu de rentrer, de s'occuper des formalités, Fabienne décide de rester et fait la connaissance de Paco, un Palavasien pur jus.

Une bande dessinée qui aborde la solitude, le deuil de façon très décalée. Au lieu de faire du noir, la situation est ensoleillée par l'été à Palavas, la plage, les jeux et animations pour touristes et Paco, bavard impénitent et sympathique. Rien n'alourdit l'ambiance, certaines pages sont totalement muettes, le dessin de Chevillard suffisant au lecteur pour saisir le désarroi mais aussi l'envie de ne pas céder à la déprime de Fabienne.

J'ai beaucoup aimé cette histoire scénarisée par Trondheim, qui montre bien que personne ne vit la perte d'un proche de la même manière et que la douleur peut être réelle sans être ostensible. Loin d'être plombante, cette bande dessinée permet de réfléchir aux idées toutes faites comme quoi il faudrait pleurer et être triste pour se conformer aux attentes de la société. Tout cela est fait sous le soleil estival de Palavas, avec en prime un peu de légèreté et d'humour apportés par Paco.

Zeimet Nicolas

Jigal

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28 septembre 2018

Quel polar mes amis, quel polar ! Dépaysant au possible et fortement attractif, au point d'en vouloir tourner les pages rapidement, mais point trop quand même pour en profiter au maximum et rester un peu avec Pierre, au Cambodge. Le pays est magnifiquement décrit, il attire, étonne et charme. Et pourtant Nicolas Zeimet ne fait pas l'impasse sur l'extrême pauvreté de certains habitants, sur la richesses d'autres, la corruption galopante, la liberté de la presse pas au top, la justice qui n'est pas vraiment au meilleur niveau non plus, n'ayant par exemple pas jugé tous les anciens chefs khmers rouges. Malgré tout cela, l'attirance est forte, les habitants chaleureux et le pays superbe et pas seulement le site d'Angkor que Pierre visitera - et nous aussi par son intermédiaire.

Très documenté, Nicolas Zeimet parle longuement de l'ouverture du Cambodge, du trafic d'enfants à adopter auquel certains se sont livrés, de toutes les bassesses liées. Il évoque aussi très longuement les EMI (Expérience de Mort Imminente), argumente, étaye son récit. Tous ces thèmes et ce contexte forment un roman excellent, minutieux, auquel il ne manque aucun détail sans pour autant être lourd ou barbant. C'est tout le contraire. Passionnant et original.

Il ne peut laisser insensible, marquera je pense, de manière assez durable ses lecteurs. Disons pour faire clair que l'on n'en sort pas exactement pareil que l'on y est entré. C'est formidable lorsqu'un livre parvient à ce résultat. Et l'auteur de devenir avec ce cinquième roman l'une des voix fortes et originales du catalogue Jigal mais aussi des romanciers noirs français.

Voilà le début du chapitre 1 : "Assis au bout de la table de la salle de conférence, son exemplaire du Parisien sous les yeux, Pierre Sanak passait le temps en noircissant les espaces blancs à l'intérieur des lettres de la une. Il venait de terminer de remplir le deuxième o d'Euro Millions quand un éclat de rire général secoua les membres de la rédaction de France 3. Son regard s'égara à l'extérieur. Il pleuvait à torrents, on ne distinguait même pas la ligne élancée du pont du Garigliano dans la grisaille striée d'épais sillons argentés." (p.10)