Langsamer Satz/Mouvement lent
EAN13
9782829003486
ISBN
978-2-8290-0348-6
Éditeur
Editions d'en bas
Date de publication
Collection
Collection bilingue
Nombre de pages
176
Dimensions
20,5 x 12,5 x 1,2 cm
Poids
256 g
Langue
allemand
Langue d'origine
allemand
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Langsamer Satz/Mouvement lent

Editions d'en bas

Collection bilingue

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Préface

« ... Sur le seuil, entrant
dans la lumière incréée »
Mouvement lent... dans une pièce de musique, l'expression désigne le mouvement le plus recueilli, le plus intérieur, construit généralement sur un thème empreint d'une certaine mélancolie. On retrouve cette mélancolie dans le paysage poétique d'Erika Burkart, hanté par la conscience de la précarité et par les thèmes de l'amour, de la mort, de la séparation et de la destruction. Tel personnage disparu, telle contrée sacrifiée au rendement, tel arbre menacé par la tempête - en poète, elle garde de chacun la mémoire vive. Son Suvre perpétue une culture du souvenir, peu spectaculaire, mais indéfectible.
La plupart du temps, Erika Burkart renonce au schéma de rimes traditionnel et dispose librement dans le poème phrases et fragments de phrase ; avec parfois une sobriété proche de la prose, parfois aussi en un précipité lyrique. Souvent, néanmoins, elle rejoint une longue mémoire littéraire. Car depuis que fut tracé « le premier mot dans le sable » (« Première écriture »), les poètes, par les moyens du langage, ont donné forme à ce qui les émouvait. Erika Burkart, qui est une lectrice passionnée, s'inscrit dans cette lignée en invoquant les noms de Paul Celan, Adalbert Stifter, Joseph Brodsky, Annette von Droste-Hülshoff (« Cristal de roche. En rêve ») ou des frères Grimm. L'abri que refuse le monde extérieur, elle le construit ici, dans son monde intérieur, dans la poésie. S'il y a longtemps que l'homme a été chassé du paradis, la poésie d'Erika Burkart, elle, n'a pas oublié le Jardin perdu.
Andrzey Stasiuk, cité dans l'exergue de la troisième partie, désigne la lumière comme la seule chose qui vaille la peine d'être décrite. La lumière figure dans de nombreux poèmes d'Erika Burkart - non seulement en sa qualité de phénomène physique, mais également comme symbole d'une transcendance. Elle renoue par là avec une tradition du Romantisme allemand ; chez Joseph von Eichendorff, notamment, l'aurore répond à l'intuition de l'éternité. Chez Erika Burkart, la métaphore récurrente de la neige, qui révèle la lumière à l'état pur, prend le même sens. Au-delà des apparences, le poète pressent l'invisible qui cependant lui échappe. Sur ce seuil, la langue cherche en vain le mot de passe. Le silence et l'étonnement sont les seules réactions appropriées.
Avec passion et vigueur, cette femme si frêle en apparence se voue entièrement à la langue. Elle a vécu depuis l'enfance dans le village d'Althäusern (canton d'Argovie), dans l'ancienne résidence d'été des abbés du couvent de Muri où son père avait installé un restaurant. Walter Burkart était un personnage sombre, hanté par son passé de chasseur du Gran Chaco, où il trouva pourtant l'inspiration d'un livre resté fameux : Der Reiherjäger vom Gran Chaco (Le Chasseur de hérons du Gran Chaco). Au deuxième étage, c'était le royaume de la mère. Dans sa jeunesse, celle-ci avait été institutrice en Irlande et de ce séjour, elle avait rapporté une multitude de contes. C'est ainsi que grandirent Erika et sa sSur, entre les formules magiques et les outrances, entre « splendeur et frayeur ». Cette familiarité avec les anges et les loups devait marquer profondément l'imaginaire de l'écrivain.
Pour tous les admirateurs de la poésie d'Erika Burkart, c'est une joie de constater qu'aujourd'hui, avec la traduction de Mouvement lent, plus de vingt ans après la publication bilingue de Minute de silence, une nouvelle passerelle est jetée vers les lecteurs romands et francophones. Marion Graf donne à ces poèmes une seconde vie dans une autre langue : une mélodie neuve naît à l'oreille du lecteur allemand, un autre parfum le surprend. Le lecteur curieux multipliera les allées et venues de l'original à la traduction, flânant entre deux paysages linguistiques. En comparant, il découvrira que tel mot, telle tournure de sa propre langue, qu'il croyait familière, prend une valeur nouvelle.
Beatrice Eichmann-Leutenegger
(traduit par Marion Graf)
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