LETTRES DE L'AMI ALLEMAND
EAN13
9782357800892
ISBN
978-2-35780-089-2
Éditeur
Domens
Date de publication
Collection
Littérature
Nombre de pages
224
Dimensions
20 x 14 x 1,7 cm
Poids
270 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Lettres De L'Ami Allemand

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Revue de presse :
L'OBS n° 2799 - 28 juin 2018
Le choix de L'OBS :
"Un amour interdit
*** Camaret-sur-Mer (Finistère), novembre 2012. Antoinette Kergroach s’éteint, à 98 ans, dans un foyer pour personnes âgées. Trois mois plus tôt, son fils, le metteur en scène de théâtre Yves Gourmelon, commence à débarrasser la maison Phénix pleine de vieilleries branlantes où, décharnée et mutique, Antoinette ne reviendra plus. Dans le placard de sa chambre, il trouve, bien ficelé, un paquet d’une centaine de lettres que le temps a jaunies, la première étant datée de mars 1944. L’homme qui écrit à sa mère et lui donne du « mon chou » s’appelle Josef Ofmann. Il fut son grand amant allemand. Elle fut donc la maîtresse de l’occupant. Pour son fils, c’est un choc d’autant plus fort qu’Antoinette n’en avait jamais parlé. A peine s’étonnait-il, enfant, de l’entendre exprimer sa détestation viscérale des Américains et de l’immense croix de Lorraine en granit ou de voir débarquer en Bretagne, pour les vacances, une mystérieuse fillette allemande, qui jouait avec lui. Pour le petit Yves, la Seconde Guerre mondiale était surtout incarnée par son père, Alexandre, qui avait épousé Antoinette en 1945, après s’être illustré dans la marine, en combattant les « Boches ». Et voici que la fierté d’avoir eu un tel père était soudain contrariée par la gêne - car il n’est jamais question de honte, le fils raconte sans juger - d’avoir eu une telle mère. Antoinette avait rencontré Josef, lorsque l’armée du Reich, où il était interprète, avait envahi, en 1941, la presqu’île de Crozon. Ils s’étaient follement aimés sans se cacher. Une fille était née de cette liaison interdite et morte un mois après. A la libération de la presqu’île, en mai 1945, le soldat Ofmann fut arrêté par les FFI, fait prisonnier à Quimper, puis envoyé comme« esclave » [sic] aux Etats-Unis et ensuite en Angleterre, avant d’être admis rentrer à Cologne. Le plus incroyable est que, pendant plus de cinquante ans, Antoinette et Josef continuèrent de s’écrire et refusèrent de faire le deuil de leur passion des années noires. (Une photo de 1995 les montre même, octogénaires et enlacés, à Camaret.) Lettre après lettre, comme autant de pièces d'un puzzle en noir et blanc, Yves Gourmelon reconstitue cette histoire qui échappe à la raison et à la morale. Il comprend, sur le tard, pourquoi le mariage de ses parents avait
été « arrangé », comment leur couple avait naufragé, ce que cachaient les colères de son père, les silences de sa mère et aussi le suicide de sa sœur. « Je suis, écrit-il, un rescapé. Mille fois la possibilité de non-naître. Encore aujourd’hui, quand je nage, je ne peux m’éloigner de la rive sans un sentiment de panique. » Avec ce livre, grâce à ce livre, il ne risque plus de se noyer.
JÉRÔME GARCIN
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