Un dernier verre au bar sans nom

Céline Leroy

Cambourakis

  • 28 février 2017

    Un dernier verre au bar sans nom
    Œuvre Posthume de Don Carpenter.
    Ce roman nous plonge au cœur de la vie littéraire sur la côte ouest américaine des années 50 aux années 70. Mettant en scène un couple d’écrivains, D. Carpenter nous parle d’amour, d’amitié, d’illusions et d’espoir, mais surtout de la fragilité de nos existences. Porté par une écriture fluide ce récit se lit d’une traite.


  • Conseillé par
    19 mai 2016

    Avant de vous parler du contenu de ce roman, je veux d'abord vous raconter son histoire. Ce roman écrit par Don Carpenter a été découvert bien après le décès de l'auteur. Bien qu’il soit inachevé, Jonathan Lethem admirateur passionné s’y est attelé car "la voix était là, l’architecture solide, les intentions astucieuses de Carpenter abouties. Savoir que le livre était bien là, que Carpenter l’avait mené à son terme, qu'il soit publié ou non, rendait le monde plus vaste, pas énormément, mais de manière décisive." Et comme il le dit dans la postface, il a principalement "élagué ». "Et en tout, ce livre ne doit pas contenir plus cinq ou de huit pages" de sa main.

    Fin des années 50. Portland. Charlie ancien combattant de la guerre de Corée a débuté un "grand " livre sur la guerre. A la fac, il rencontre Jaime âgée de dix-neuf ans dont le père est journaliste mais aussi alcoolique. Elle tombe amoureuse de Charlie que les professeurs jugent brillants. Elle aussi a l’ambition de devenir écrivain. Cette fille de la classe moyenne voit son monde s’écrouler à la mort (peu glorieuse) de son père. Dick a une une de ses nouvelle publiée dans Playboy alors que Stan petit cambrioleur se met à écrire en prison. Jaime enceinte, Charlie et elle partent en Oregon où il a décroché un boulot d’enseignant à la fac.

    Ils sont tous amis et rêvent de dérocher le sésame de l’écrivain. De Portland à San Francisco en passant par Hollywood, entre fêtes, alcool, gueules de bois, désillusions, espoirs et compromis, c’est une immersion globale. Se frayer un chemin, se faite publier, écrire pour le cinéma, renoncer à ses ambitions : dans cette Amérique post "Beat Generation" chacun d'entre eux tente de réaliser son rêve.
    Avec réalisme et sans concession, Don Carpenter dépeint ces parcours sur plus d'une dizaine d'années qui se séparent, se croisent, se retrouvent où l’amitié et l’amour sont égratignés. Des personnages habités par l'écriture, attachants, humains avec des failles.
    C‘est bluffant et ce roman est complètement addictif. Que ça soit l‘atmosphère d’un bar ou les états d’âme des personnages, tout est parfaitement réussi !
    Un livre brillant servi par une excellente traduction !

    "On ne peut pas consacrer dix ans de sa vie à écrire un roman sans y laisser une grande part de soi. Chaque livre est comme un enfant, et pas que d'un point du vue métaphorique, car dans votre cœur, les malheurs de votre enfant vous font terriblement souffrir."


  • Conseillé par
    27 mars 2016

    Inspiration et gueule de bois

    Fréquentez-vous les librairies d’occasion ? Figurez-vous que c’est dans l’une d’elles, dans les années 1990, que l’écrivain Jonathan Lethem découvrit les livres de Don Carpenter, auteur génial des sixties tombé dans l’oubli. Quand on lui demanda d’éditer son roman posthume, il accepta, et c’est Cambourakis qui nous en offre la primeur en français, dans un bel objet-livre assorti d’une postface passionnante de son admirateur.

    En 1959, Jaime Froward rencontre Charlie Monel lors d’un cours de littérature à l’université de San Francisco. L’étudiante tombe amoureuse de ce vétéran de la guerre de Corée, boursier brillant, qui a l’ambition de publier un roman, le « Moby Dick de la guerre ». Quand Jaime est enceinte, ils se marient, tout en se jurant de ne jamais abandonner leurs rêves d’écriture. Le couple s’installe alors en Oregon, où Charlie est enseignant ; de son côté, Jaime a le sentiment d’être enfermée dans un statut qu’elle n’avait pas souhaité si prompt, mais elle finit par se faire à cette vie, d’autant que la maison se remplit d’autres aspirants auteurs, l’écriture chevillée au corps par idéalisme, revanche ou ambition, et avec lesquels ils forment le groupe de Portland.

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