La Malédiction d'être fille

Dominique Sigaud

Albin Michel

  • Conseillé par
    27 octobre 2019

    "C'est une fille"

    A votre avis, quels sont les trois mots les plus meurtriers du monde ?
    Vous ne trouverez pas, mais prenez le temps de réfléchir. Ça en vaut la peine.
    Alors, à votre avis ? Hé ! bien les voici : « C’EST UNE FILLE. »
    Difficile à croire, et pourtant.
    Il faut lire l'enquête de Dominique Sigaud. Dans beaucoup de pays du monde,
    naître fille est une malédiction. On le sait plus ou moins, mais on ne mesure
    pas à quel point c’est grave.
    Le nombre de femmes qui avortent parce qu’elles attendent une fille et le
    nombre de petites filles tuées à la naissance, souvent par des mères subissant
    une contrainte de leur propre famille, est terrifiant.
    Et puis il y toutes les violences faites aux filles et la liste est longue :
    toutes les mutilations sexuelles (infibulation, excision), les viols, les
    incestes, les mariages forcés, la traite des enfants qui se transforme presque
    toujours en esclavage et/ou en prostitution. Et évidemment l’impossibilité
    pour ces victimes d’un recours quelconque. Non seulement elles n’en n’ont pas
    les moyens mais surtout, si elles protestaient, elles se retrouveraient
    systématiquement en position d’accusées ce qui aggraverait encore leur
    condition, voire mettrait en péril leur vie.
    Évidemment, ces situations dramatiques se retrouvent essentiellement dans les
    pays les plus pauvres d’Asie et d’Afrique mais nous aurions tort de croire que
    les pays occidentaux et développés sont à l’abri. Aux États Unis, 27 états
    n’ont pas fixé d’âge minimal au mariage. Une étude de 2011 montre que 8,9% des
    femmes mariées avaient moins de 16 ans ce qui représente 9,4 millions de
    femmes ! En France, 40% des viols seraient pratiqués sur des mineures de moins
    de 15 ans, de nombreuses filles subissent des mutilations sexuelles et la
    prostitution des mineures — dans tous les milieux — ne cesse de croître.
    Plus insupportable encore que toutes ces violences, c’est l’espèce
    d’indifférence qui entoure ce qui est souvent perçu comme une sorte de
    fatalité voire comme des traditions ancestrales à respecter.
    Le constat de Dominique Sigaud est terrifiant : les filles meurent par
    millions et « on en parle beaucoup moins que de la disparition des icebergs et
    des oiseaux en ville.»
    Cela va-t-il continuer encore longtemps ?

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