La femme à la mort

Samuel Sutra

Flamant Noir

  • Conseillé par
    1 septembre 2018

    Très belle intrigue dans laquelle on avance pas à pas et à pieds dans La Rochelle, au rythme de Stan. Chaque indice est exploité qu'il mène à un cul-de-sac ou pas. Difficile de ne pas voir la référence au "Mystère de la chambre jaune" de Gaston Leroux. Dans son polar, Samuel Sutra ne parle pas du fameux "Bon bout de la raison" de Rouletabille mais fait référence à un principe que je ne connaissais pas, le rasoir d'Ochkam. "C'est un principe en science, qui encourage la simplicité. Vous entendez battre des sabots, vous pensez cheval avant de penser zèbre. Les hypothèses les plus simples sont les plus vraisemblables. C'est un principe de parcimonie, d'une certaine manière, qui fait en grande partie la beauté des théories avérées." (p.140)

    Évidemment, l'auteur sème doute et confusion dans l'esprit des lecteurs, car tout n'est pas si simple qu'il pourrait y paraître. En fait, on peut être amené à douter de tous à un moment ou un autre : et si c'était lui ? Ou elle ? L'intrigue est donc bien menée, embrumée jusqu'au bout - personnellement, j'avais quelques idées, mais pas les bonnes -, joliment agrémentée de personnages sympathiques, attachants. Le polar de Samuel Sutra fait aussi dans les relations humaines et ne se contente pas d'aligner des indices. Stan, qui revient à La Rochelle, un poil nostalgique ; son ami Jacques Verdier, un peu perdu à l'idée de quitter son boulot sur une affaire qui le titillera longtemps, et la belle Catherine la légiste, et Angèle la réceptionniste de l'hôtel, et Natasha la victime...

    Tout s'emboîte parfaitement bien dans ce roman qui se lit d'une traite bien que - ou grâce au fait que - il n'y ait ni coup de feu, ni violence, ni description morbide, ni sexe - disons que si sexe il y a, Samuel Sutra décrit plutôt la montée du désir et laisse la porte close pendant les ébats.

    De l'auteur, j'ai lu pas mal : la série des Tonton (voyez dans l'index au nom de Sutra) par exemple mais aussi d'autres titres, pas sur le registre de l'humour, l'excellent "Kind of black" par exemple ; on serait plus dans ce registre, du polar qui même si cette fois-ci n'a pas le jazz en fond sonore, est très mélodieux. La langue de l'auteur y est pour beaucoup, à la fois classique qui peut s'encanailler, passer du très factuel au tendre, du langage du flic au sensuel. Grand écart très largement réussi.