Michèle R.

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4 décembre 2017

La nuit des béguines

La nuit des béguines
ALINE KINER

Dédié à la vie de femmes, célibataires ou veuves, pieuses mais laïques, qui ont choisi de vivre dans un béguinage en dehors du monde des hommes, ce roman immerge le lecteur dans l'atmosphère de Paris à l'époque médiévale ; voyage soutenu par une langue parfaitement accordée à l'époque et par une documentation historique foisonnante et instructive,
L'auteure peint avec délicatesse et précision de manière intime des portraits de femmes extraordinaires, de tous âges, de toutes conditions, qui vivent au cœur du béguinage royal dans la quartier du Marais à une époque où leur institution est menacée par l'Inquisition car trop libres, trop indépendantes, qui louent l'amour de Dieu en dehors de toute contrainte,
Quelle hérésie d'avoir une telle pensée !!! Pensée qui vaudra à Marguerite Porete d'être la première femme à être brûlée vive.
Roman d'actualité sans aucun doute tant ces femmes sont contemporaines dans leur volonté d'émancipation, libres dans leurs convictions.
C'était il y a sept cents ans !!!

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30 juin 2017

Moura, la femme aux mille et une vies.
Après une enfance dorée d'aristocrate dans la Russie du début du XX ième siècle sa vie sera jalonnée de descentes aux enfers. Elle sera mère mais assouvira ses envies, ses passions, au détriment de ses enfants. Elle sera aussi femme, amante, muse, passionnée, adulée, incomprise, parfois rejetée. Elle ne cessera de tenter de combler son envie de vivre devenant aventurière autant pour tenter de préserver sa liberté que pour aider les personnes qui lui sont chères. Elle côtoiera, aimera, vénérera des personnages célèbres bien différents. Comment alors fera-t-elle pour survivre ? Espionne peut-être ? Mais pour défendre quel idéal ?
Moura fascine par sa beauté, son intelligence, sa perspicacité mais aussi ses doutes.
Se laisser entraîner dans le tourbillon de sa vie c'est assurément faire revivre un personnage exceptionnel et aussi, peut-être, rêver d'un autre idéal.
Alexandra Lapierre a effectué un travail colossal pour reconstituer le vie de Moura, personnage réel, survivante du bolchevisme et de deux guerres mondiales. Les faits historiques sont rapportés avec justesse.
Enfin, tous les ingrédients sont présents pour faire de cet ouvrage un régal littéraire.

Michèle

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30 juin 2017

Les Dieux du tango

Carolina de Robertis

S'appuyant sur une solide documentation, Carolina de Robertis, enchevêtre la vie de Leda, jeune immigrée italienne à l'évolution du tango dans le Buenos Aires du début du XX ème siècle.
A son arrivée en Argentine, Leda, ne possède que le violon de son père. Pour tenter de survivre, c'est secrètement qu'elle apprendra à maîtriser cet instrument. Elle souhaite alors rejoindre des musiciens qui jouent cet irrésistible 'Tango'. Mais, les 'Dieux du tango' ce sont des hommes ! Alors, pour entrer dans ce monde Leda ira dans les cafés déguisée en homme . Elle ne quittera plus jamais ses habits masculins et s'appellera désormais Dante, prénom emprunté à son fiancé italien qui n'a pu venir l'accueillir sur le port. Sa vie sera un renoncement de soi, une lutte pour ne jamais se trahir et vivre un amour défendu.
Carolina de Robertis peint avec sensualité, délicatesse, émotion, le parcours de Leda, nous livre un tango qui n'est plus seulement musique mais art de vivre.
Roman vibrant comme le fut la vie de Leda et comme continuent à l'être les modulations du tango.

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31 mars 2017

Confession, plaidoyer?
Martial Kermeur a jeté à la mer le promoteur immobilier qui lui a fait perdre non seulement l’argent que l’arsenal lui a versé lors de son licenciement, mais également son identité. Arrêté, il se retrouve face à un avocat. Le huis clos entre les deux hommes est émouvant, troublant.
Les faits sont traités rapidement. Kermeur reconnaît avoir jeté Lazenec à la mer. Puis commence le long monologue de Kermeur au cours duquel il retrace la chronologie des douloureux évènements qui l’ont conduit à ce geste, monologue nourri par les questionnements et les remarques du magistrat qui « pensait qu’à l’intérieur des faits, il y avait la vérité ».
Cette déclaration, posée sur un contexte politico-social pesant, est percutante.
La question sociétale de la violence physique engendrée par des comportements sournois, hypocrites, mesquins, vils, est clairement posée.
Reste l’article 353 du code pénal : « …la loi ne leur fait (aux juges) que cette question, qui renferme toute la mesure de leurs devoirs : Avez-vous une intime conviction ? ».
Et vous, quelle sera la vôtre ?

22,00
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16 mars 2017

Quelle personnalité et quelle rage de vivre il faut avoir pour survivre pendant quatre-vingt-douze ans à sa condition de femme juive lorsque l’on naît en 1907 dans une bourgade de Biélorussie !!!
Ce courage, Rosa Masur l’a.
Persécutée comme tous les autres Juifs d’abord à Vitchi où elle passe une partie de sa jeunesse, puis à Leningrad dans les années 20 où elle sera ouvrière pour payer ses études avant de devenir traductrice de la langue allemande à force de ténacité, Rosa émigrera enfin vers l’Allemagne avec sa famille.
Sa vie et plus particulièrement celle de son fils qu’elle protégera tout au long de sa vie seront-elles alors plus douces ?
La traque juive, les discriminations, les privations, les injustices, les dénonciations , les guerres … Rosa a traversé les épreuves avec la même détermination et compte bien en racontant son histoire sur fond d’Histoire remporter les 5000 marks promis par les autorités de Grigritcht, petite ville allemande, qui ont décidé de favoriser l’intégration des étrangers en leur proposant de raconter « quelque chose d’intéressant ». Car à quatre-vingt-douze ans Rosa a un projet !
Le portrait que fait Vladimir Vertlib de Rosa - une femme extraordinaire, intelligente, malicieuse, très obstinée, faite pour la vie - bouleverse, tient en haleine.
Un roman passionnant !