Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

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29 mai 2019

L'autrice de cette bande dessinée, Aude Mermilliod, a avorté. Après des années de réflexion et de recul, elle décide de raconter son parcours tant l'acte que les sentiments par lesquels elle est passée, avant et après.

Puis, elle a rencontré Martin Winckler dont elle sait qu'il a pratiqué des avortements lorsqu'il était médecin, elle lui demande de raconter son histoire qu'elle dessine.

Bande dessinée puissante, nécessaire, militante et tout à fait apaisée. La succession de l'histoire personnelle d'Aude Mermilliod et du témoignage de Martin Winckler lui donnent le côté universel qu'il aurait pu lui manquer avec la seule histoire de l'autrice. Les deux parties se complètent, se répondent et traitent de tous les aspects de l'avortement.

C'est un ouvrage remarquable tant par le thème qu'il aborde frontalement, directement, sans détour mais sans voyeurisme que par le dessin et la mise en page. C'est un dessin simple, coloré, au trait clair et une mise en page qui joue avec les codes de la bande dessinée, parfois classique, parfois une grande case pour une page. Ce dessin très abordable par tous et très beau est aussi une force qui sert le propos, il pourra permettre à tous d'entrer dans l'ouvrage.

Textes et dessins peuvent être crus mais jamais vulgaires. Descriptifs, détaillés pas seulement dans l'aspect technique, car les sentiments, les angoisses, les peurs des patientes sont décrits, représentés ainsi que le travail du médecin et de l'infirmière pratiquant l'avortement.

Un album essentiel pour ne pas dire indispensable, à lire et faire lire très largement autour de soi.

Stéphane Pajot

Éditions d'Orbestier

9,90
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29 mai 2019

Retour de Stéphane Pajot et de Mathieu Leduc déjà rencontré dans "Le rêve armoricain". Cuba à en mourir en est la suite, mais on peut lire l'un sans lire l'autre, même si, le mieux c'est de lire les deux.

Court roman noir en deux parties, l'une à Cuba et l'autre à Nantes, tous les ingrédients du genre y sont et fort bien dosés et mélangés. Sexe, drogue et rock'n'roll, bien sûr mais aussi deux ambiances. Celle de Cuba où il ne fait pas bon trop parler, ni s'attirer les foudres des policiers, le rhum, les cigares, la chaleur du soleil mais aussi la chaleur humaine : les amis de Carlos vont aider le journaliste à retrouver celui qu'il recherche. En peu de mots, Stéphane Pajot montre la difficulté à vivre dans ce pays pauvre où Fidel Castro règne encore en maître. Puis la partie nantaise, tout aussi pleine de la chaleur humaine de la bande d'amis de Mathieu, mais ici, c'est plutôt le muscadet qui coule... et la pluie aussi.

Même s'il est la suite du "Rêve armoricain", ce Cuba à en mourir est construit différemment, plus linéairement et plus classique, et le charme opère de nouveau. Cela prouve toute l'étendue du talent de l'auteur qui sait jouer sur plusieurs styles qu'il maîtrise totalement.

Ne croyez pas à du chauvinisme de ma part puisque Stéphane et moi sommes Nantais, non, il est simplement un excellent auteur de romans noirs et polars, l'un de ceux qui inventent le plus, capable de me surprendre à chaque fois, et ça j'aime beaucoup. Si l'envie vous prend de me suivre et de lire Stéphane Pajot, ce que je ne peux que vous conseiller très vivement, lisez la série des deux romans noirs cités dans cette recension (et les autres aussi).

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6 mai 2019

Parfois, lorsqu'on alimente régulièrement un blog, on reçoit des livres non demandés de la part d'éditeurs ou d'attachés de presse, directement dans sa boîte à lettres. Ce fut le cas pour celui-ci, et je l'ai laissé traîner me disant, bon encore un polar historique, le genre fonctionne bien et les héros naissent régulièrement. Puis, je l'ai ouvert, un jour où je n'avais pas trop envie des autres livres m'attendant. Et alors ? me demandez-vous impatients. Eh bien, je n'ai pas réussi à le refermer avant la toute fin. L'époque n'est pas franchement décrite mais on la sent par des tournures de phrases, des descriptions des lieux et personnages et notamment leurs vêtements, leurs conditions de vie, les moyens d'investigation des policiers. Pour être plus précis, on est en 1808 et l'Empereur n'est que peu présent, le roman n'est pas un traité d'histoire qui nous en apprendra beaucoup sur la période, mais le format assez court – à peine 300 pages aérées, ce qui me va très bien – ne permet pas de se laisser aller à des explications historiques.

Les L'Islois tombent comme des mouches et les cadavres s'amoncellent à la morgue. Les événements s'enchaînent à un rythme à peine soutenable, maintenant le lecteur dans un état d'inquiétude et de stress quasi permanent. Pas le temps de s'ennuyer dans ce roman policier historique qui file à toute vitesse. Divine surprise donc que "Le regard du diable". Le duo d'enquêteurs fonctionne bien, il est sympathique et secondé par le lieutenant Joubert et les pêcheurs de L'Isle sur la Sorgue. L'intrigue est suffisamment retorse pour perdre le lecteur et lui faire envisager plusieurs coupables, même si quelques indices sont semés ça et là pour affiner ses doutes.

Moralité : si vous tombez sur ce livre, ne faites pas comme moi, n'hésitez pas, très bons moments assurés.

Anne-Marie Métailié

21,00
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6 mai 2019

Roman touffu, très fouillé qui recèle une foultitude d'informations, de descriptions de l'état de la Colombie, de la violence qui y règne. Santiago Gamboa aime son pays et le critique donc d'autant plus aisément. Il parle de la corruption, de la prostitution, de la drogue, des riches qui s'enrichissent, s'isolent et laissent les pauvres s’appauvrir. Ces pauvres qui souvent, n'ont plus rien à quoi se raccrocher sauf à leur foi, les églises pullulent, chacune avec ses pasteurs qui prêchent pour attirer les foules et donc leur pouvoir et l'argent. Santiago Gamboa décrit aussi les paysages colombiens, les campagnes, mais aussi les villes et principalement Cali. On le suit pas à pas, jamais très vite, car il part sur pas mal de digressions intéressantes, puis sur des enquêtes secondaires ou qui semblent l'être. Pour ne pas être largué, il faut prendre son temps, mais ce n'est que pour le bien du lecteur, qui, ainsi, passera plus de temps avec Julieta et Johana, les personnages principaux du roman.

J'ai beaucoup aimé le ton direct du romancier, qui lorsqu'il décrit ses deux héroïnes le fait dans un chapitre à elles consacré, intitulé simplement "Personnages". Son récit, bien que souvent interrompu par des remarques, digressions, rebondissements, fausses pistes, est limpide et se suit avec beaucoup de plaisir. L'humour y est présent, dévastateur, sarcastique. Le ton adopté, l'ambiance donnent à cette histoire une force supplémentaire, ce petit plus qui fait d'un roman noir – qui aurait pu n'être qu'un parmi les autres – un roman noir à part, avec un message, un supplément d'âme.

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6 mai 2019

Étonnamment court et concis pour un polar d'Henning Mankell, c'est en fait la version romancée d'une nouvelle. Entièrement consacrée à l'intrigue et moins aux personnages et à la société suédoise, elle se lit avec plaisir, vient s'intercaler en avant –dernière position des enquêtes de Kurt Wallander, juste avant "L'homme inquiet", mais n'atteint pas le niveau d'excellence des autres romans wallanderiens. C'est une manière de retrouver mon flic favori, puisque c'était la seule histoire que je n'avais pas lue (et je crois les nouvelles intitulées "La faille souterraine et autres enquêtes").

Kurt remonte le temps, et se passionne pour cette histoire qui lui permet de ne pas penser à sa retraite, à sa solitude. Elle ne le bouleversera sans doute pas autant que ses autres aventures, mais sera importante avant de passer le flambeau. Très bonne intrigue qui tient la route, ménage ses rebondissements et de laquelle on ressort satisfait du travail accompli, mais surtout avide de lire le dossier post-roman qui explique la genèse de Kurt Wallander. Une quinzaine de pages instructives, qui ne font que renforcer la haute estime que j'avais pour Henning Mankell et son héros flic, né donc en 1990, pour écrire contre le racisme qui montait dans les sociétés en général et en Suède en particulier. Le reste, je vous laisse le découvrir, une occasion de retrouver Kurt Wallander, ça ne se refuse pas.