- EAN13
- 9782011457189
- ISBN
- 978-2-01-145718-9
- Éditeur
- Hachette Éducation
- Date de publication
- 28/06/2006
- Collection
- LES FONDAMENTAU
- Séries
- Introduction à la linguistique française (2)
- Nombre de pages
- 160
- Dimensions
- 19 x 14 cm
- Poids
- 193 g
- Langue
- français
- Code dewey
- 440.1
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Tome 2, Syntaxe, communication, poétique - Introduction à la linguistique Tome 2 : syntaxe, communication, poétique
De Jean-Louis Chiss, Jacques Filliolet, Dominique Maingueneau
Hachette Éducation
Les Fondamentau
PREMIÈRE PARTIE?>Éléments de syntaxe?>?>1?>Le domaine de la syntaxe?>Le domaine de la syntaxe, traditionnellement, est celui des relations qui s'établissent entre les unités du lexique, rangées dans diverses catégories (nom, déterminant, adjectif, etc.) combinées dans des groupes de mots. L'unité fondamentale de la syntaxe est la phrase, où sont définies les diverses fonctions de ces groupes.Considérons ces trois phrases : (1) et (2) ont à peu près le même sens mais nul ne songerait à dire qu'elles ont la même structure syntaxique. En revanche, bien que (1) et (3) aient des sens très différents, on n'hésiterait pas à dire que d'un certain point de vue il s'agit de la « méme phrase. En effet, de l'une à l'autre il y a quelque chose d'invariant : non pas les mots mais les catégories et les relations entre ces catégories. Ce n'est pas la simple succession des mots qui fait une phrase : les unités lexicales, indépendamment de leur présence dans telle ou telle phrase, sont étiquetées en diverses catégories (nom, verbe, préposition, etc.), qui contraignent a priori le rôle qu'elles peuvent jouer dans une phrase.Mon frère adore la campagne. (1)Mon frère est un passionné de la campagne. (2)Le chat redoute la souris. (3)En outre, le phénomène de l'ambiguïté syntaxique (voir infra, p. 24) montre que les relations syntaxiques entre les catégories sont d'un autre ordre que la simple juxtaposition des unités lexicales, fussent-elles réparties en diverses catégories. En effet, une même séquence verbale peut correspondre à différentes interprétations s'il existe diverses manières de distribuer les relations syntaxiques. Ainsi, Il a téléphoné à la police de Verneuil peut recevoir deux interprétations selon que «de Verneuil » est complément circonstanciel ou complément du nom « police ». La syntaxe apparaît donc bien comme un réseau de relations abstrait, au-delà de la disposition matérielle des éléments.1. Syntaxe/lexique?>La syntaxe, on vient de le voir, intervient de manière décisive dans la signification d'une phrase : Mon frère aime ta sœur n'a pas le même sens que Ta sœur aime mon frère et les ambiguïtés syntaxiques nous ont montré que, selon les dépendances qui s'établissent, on aboutit à des interprétations très différentes. Mais une part considérable du sens échappe à la syntaxe, en particulier le sens lexical, par exemple celui de frère ou de sœur dans l'exemple ci-dessus : qu'il soit sujet ou objet, frère garde le même sens. La sémantique, c'est-à-dire l'étude du sens, s'appuie à la fois sur une sémantique lexicale, indépendante de la syntaxe, et une sémantique non lexicale, celle qui résulte de l'association des unités lexicales dans une même phrase (voir Introduction à la linguistique française, Tome I, p. 124).
Une unité lexicale constitue un individu, un être singulier qui est défini par des propriétés de divers ordres : il a une catégorie, un signifiant, un signifié.• Une appartenance catégorielle est en effet associée à chaque terme indépendamment de tout emploi. On voit ainsi dans un dictionnaire que un est un article, chaise un nom, etc. Ces catégories élémentaires se combinent elles-mêmes pour former des catégories majeures, des groupes syntaxiques : par exemple, la voiture grise forme un syntagme nominal, lequel est composé d'un article, d'un nom et d'un adjectif.• Un signifiant : l'unité lexicale est une suite de phonèmes.• Un signifié : comme on vient de le voir, toute unité lexicale possède une signification indépendante de son insertion dans telle ou telle phrase.Les trois types de propriétés que nous venons d'énumérer font de l'unité lexicale une entité fermée sur elle-même. Mais il existe aussi des propriétés relationnelles, c'est-à-dire que les unités lexicales peuvent se distinguer par leur aptitude à en appeler d'autres. C'est ainsi que l'on parle de verbes« transitifs » ou « intransitifs », « transitifs directs » ou « indirects », selon qu'ils appellent ou non tel ou tel type de compléments. On fait de même pour les adjectifs(carré n'appelle pas de complément alors que heureux peut appeler un syntagme prépositionnel - heureux de son retour - ou une complétive - heureux qu'il parte), et pour les noms (ex. : le fait/l'idée que je parte). Quand une unité lexicale en appelle ainsi d'autres, la syntaxe en général s'arrange pour qu'elles soient contiguës, associées dans la même « catégorie majeure » : syntagme nominal(SN),syntagme adjectival (SA), syntagme verbal(SV) ou syntagme prépositionnel(SP), qui sont les unités fondamentales auxquelles a affaire la syntaxe. (Par « syntagme prépositionnel » on entend la combinaison d'une préposition et d'un syntagme nominal qui en dépend : sur (la table), depuis (ton arrivée), etc.) C'est ainsi que la position de sujet de la phrase est occupée non par un nom mais par un syntagme nominal, que l'épithète est un syntagme adjectival et non un adjectif, etc. En syntaxe il y a donc quelque chose d'artificiel à parler de nom ou de verbe comme d'entités isolées, indépendamment des unités auxquelles ils sont associés.2. La phrase?>A. Phrase et énoncéLa phrase n'est pas le seul type d'énoncé, c'est-à-dire de séquence verbale autonome. Ainsi, dans la liste suivante, seul l'énoncé Luc est arrivé est habituellement dénommé « phrase ». Mais il s'agit du type d'énoncé crucial, sans lequel la syntaxe se réduirait à peu de chose, sans lequel également il serait impossible d'analyser les autres. C'est d'ailleurs l'hypothèse que les grammaires ont toujours faite.Ouf !Quel homme !Idiot!Honte à toi!Luc est arrivé.Assurément.Dans les exemples qui précèdent, il n'est pas difficile d'isoler la structure qui correspond à ce que traditionnellement on considère comme une phrase, c'est-à-dire la combinaison d'un SN sujet et d'un SV. Mais si l'on a affaire à des énoncés comme Ne pas fumer dans l'école! ou Sortez! dans lesquels le verbe a des restrictions de conjugaison et n'a pas de sujet apparent, on peut douter qu'il s'agisse de phrases. Néanmoins, la tradition grammaticale les a souvent considérés comme des phrases, les linguistes contemporains aussi, même si l'analyse strictement distributionnelle à elle seule ne permet pas de trancher. Il faut donc aller au-delà des apparences pour définir ce qu'on entend par « phrase ».La délimitation même de la phrase pose problème. Ainsi dans les phrases : on voit bien que les limites de la phrase dépassent le domaine où sont attribuées les fonctions, à savoir Il est gentil ou Elle l'a cassée. Toutefois, dans un souci de simplification pédagogique, c'est essentiellement ce domaine restreint que nous envisagerons.Paul, il est gentil.Il est gentil, Paul.Ma sœur, sa voiture, elle l'a cassée.Ma sœur, elle l'a cassée, sa voiture.De la même manière nous ne considérerons pas la variété des modalités d'énonciation de la phrase, laquelle peut, d'une part, être assertive, interrogative, exclamative, impérative, et, d'autre part, être affirmative ou négative. Nous ne prendrons pas non plus en compte les diverses «voix», passive ou moyenne (ex. : Ce livre se vend mal) en particulier.Nous travaillerons donc sur des phrases neutralisées, des abstractions destinées à isoler certains aspects de la structure linguistique. Mais cette restriction d'ordre pédagogique ne doit pas induire une vision réductrice de la langue en faisant croire que toutes les phrases qui ne correspondent pas à ce schéma neutralisé sont déviantes.B. Les limites de l'analyse distributionnelleQuand on se livre à une analyse distributionnelle (voir Tome I, pp. 56-58) en syntaxe, on est censé ne tenir compte que de la place effective des éléments dans les phrases du corpus. Or considérons ces phrases :Marie veut se plaindre de Paul. (1)De Paul Marie veut se plaindre. (2)Marie de Paul veut se plaindre. (3)N'importe qui a l'intuition que d'une certaine façon il s'agit de la même phrase, que le lexique, les catégories et leurs relations sont invariants. De même, on perçoit que dans (1) le groupe de Paul se trouve dans une position plus naturelle que dans (2) ou (3) dans la mesure où il est contigu au mot dont il dépend, se plaindre. On est bien obligé de considérer que la place qu'occupent matériellement les éléments n'est ...
Une unité lexicale constitue un individu, un être singulier qui est défini par des propriétés de divers ordres : il a une catégorie, un signifiant, un signifié.• Une appartenance catégorielle est en effet associée à chaque terme indépendamment de tout emploi. On voit ainsi dans un dictionnaire que un est un article, chaise un nom, etc. Ces catégories élémentaires se combinent elles-mêmes pour former des catégories majeures, des groupes syntaxiques : par exemple, la voiture grise forme un syntagme nominal, lequel est composé d'un article, d'un nom et d'un adjectif.• Un signifiant : l'unité lexicale est une suite de phonèmes.• Un signifié : comme on vient de le voir, toute unité lexicale possède une signification indépendante de son insertion dans telle ou telle phrase.Les trois types de propriétés que nous venons d'énumérer font de l'unité lexicale une entité fermée sur elle-même. Mais il existe aussi des propriétés relationnelles, c'est-à-dire que les unités lexicales peuvent se distinguer par leur aptitude à en appeler d'autres. C'est ainsi que l'on parle de verbes« transitifs » ou « intransitifs », « transitifs directs » ou « indirects », selon qu'ils appellent ou non tel ou tel type de compléments. On fait de même pour les adjectifs(carré n'appelle pas de complément alors que heureux peut appeler un syntagme prépositionnel - heureux de son retour - ou une complétive - heureux qu'il parte), et pour les noms (ex. : le fait/l'idée que je parte). Quand une unité lexicale en appelle ainsi d'autres, la syntaxe en général s'arrange pour qu'elles soient contiguës, associées dans la même « catégorie majeure » : syntagme nominal(SN),syntagme adjectival (SA), syntagme verbal(SV) ou syntagme prépositionnel(SP), qui sont les unités fondamentales auxquelles a affaire la syntaxe. (Par « syntagme prépositionnel » on entend la combinaison d'une préposition et d'un syntagme nominal qui en dépend : sur (la table), depuis (ton arrivée), etc.) C'est ainsi que la position de sujet de la phrase est occupée non par un nom mais par un syntagme nominal, que l'épithète est un syntagme adjectival et non un adjectif, etc. En syntaxe il y a donc quelque chose d'artificiel à parler de nom ou de verbe comme d'entités isolées, indépendamment des unités auxquelles ils sont associés.2. La phrase?>A. Phrase et énoncéLa phrase n'est pas le seul type d'énoncé, c'est-à-dire de séquence verbale autonome. Ainsi, dans la liste suivante, seul l'énoncé Luc est arrivé est habituellement dénommé « phrase ». Mais il s'agit du type d'énoncé crucial, sans lequel la syntaxe se réduirait à peu de chose, sans lequel également il serait impossible d'analyser les autres. C'est d'ailleurs l'hypothèse que les grammaires ont toujours faite.Ouf !Quel homme !Idiot!Honte à toi!Luc est arrivé.Assurément.Dans les exemples qui précèdent, il n'est pas difficile d'isoler la structure qui correspond à ce que traditionnellement on considère comme une phrase, c'est-à-dire la combinaison d'un SN sujet et d'un SV. Mais si l'on a affaire à des énoncés comme Ne pas fumer dans l'école! ou Sortez! dans lesquels le verbe a des restrictions de conjugaison et n'a pas de sujet apparent, on peut douter qu'il s'agisse de phrases. Néanmoins, la tradition grammaticale les a souvent considérés comme des phrases, les linguistes contemporains aussi, même si l'analyse strictement distributionnelle à elle seule ne permet pas de trancher. Il faut donc aller au-delà des apparences pour définir ce qu'on entend par « phrase ».La délimitation même de la phrase pose problème. Ainsi dans les phrases : on voit bien que les limites de la phrase dépassent le domaine où sont attribuées les fonctions, à savoir Il est gentil ou Elle l'a cassée. Toutefois, dans un souci de simplification pédagogique, c'est essentiellement ce domaine restreint que nous envisagerons.Paul, il est gentil.Il est gentil, Paul.Ma sœur, sa voiture, elle l'a cassée.Ma sœur, elle l'a cassée, sa voiture.De la même manière nous ne considérerons pas la variété des modalités d'énonciation de la phrase, laquelle peut, d'une part, être assertive, interrogative, exclamative, impérative, et, d'autre part, être affirmative ou négative. Nous ne prendrons pas non plus en compte les diverses «voix», passive ou moyenne (ex. : Ce livre se vend mal) en particulier.Nous travaillerons donc sur des phrases neutralisées, des abstractions destinées à isoler certains aspects de la structure linguistique. Mais cette restriction d'ordre pédagogique ne doit pas induire une vision réductrice de la langue en faisant croire que toutes les phrases qui ne correspondent pas à ce schéma neutralisé sont déviantes.B. Les limites de l'analyse distributionnelleQuand on se livre à une analyse distributionnelle (voir Tome I, pp. 56-58) en syntaxe, on est censé ne tenir compte que de la place effective des éléments dans les phrases du corpus. Or considérons ces phrases :Marie veut se plaindre de Paul. (1)De Paul Marie veut se plaindre. (2)Marie de Paul veut se plaindre. (3)N'importe qui a l'intuition que d'une certaine façon il s'agit de la même phrase, que le lexique, les catégories et leurs relations sont invariants. De même, on perçoit que dans (1) le groupe de Paul se trouve dans une position plus naturelle que dans (2) ou (3) dans la mesure où il est contigu au mot dont il dépend, se plaindre. On est bien obligé de considérer que la place qu'occupent matériellement les éléments n'est ...
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